Julie tocqueville artiste rouen
Julie tocqueville artiste rouen
Julie tocqueville artiste rouen
Julie Tocqueville artiste rouen
Julie Tocqueville artiste rouen
Julie Tocqueville artiste rouen

«Hors du réel dans un ailleurs …», 2017, Techniques mixtes

« En entrant dans le hall du théâtre de la Foudre, se dresse une palissade recouverte d’un poster décoratif géant figurant une forêt tropicale. « Parce que moi mon utopie, c’est les Tropiques ! », lâche Julie Tocqueville dans un éclat de rire. C’est qu’elle s’appuie, amusée, sur les représentations d’un monde fantasmé par le français moyen des années 70 : celui de contrées lointaines exotiques qui font oublier les tracas du quotidien. Comment ne pas se souvenir de ces posters monumentaux décoratifs, crânement accrochés dans les salles de séjour des maisons bourgeoises ? Images sorties tout droit d’un catalogue d’ agence de voyage dont les qualités esthétiques sont moindres. La seule recherche est l’efficacité immédiate : les couleurs vives et la lumière diffuse véhiculent un message positif. Ces affiches sont une véritable incitation à consommer des vacances exotiques.

L’ image en surface choisie par Julie Tocqueville appartient à ce registre. Mais elle dissimule un monde, des mondes qui ne peuvent se révéler qu’en devenant voyeur : 6 trous de part et d’autre de la structure nous mettent dans une position inconfortable : nous devenons les visiteurs avides d’une fête foraine, jouant des coudes pour découvrir moyennant quelques sous, un animal à trois têtes… Ici, l’accès est gratuit. Julie Tocqueville nous livre son monde merveilleux. Qu’il soit caché nous le rend pourtant suspect. Son étrangeté nous interpelle : ce monde est totalement factice : photos, vidéos, nature authentique mais domptée, végétation luxuriante artificielle, oiseaux de Bornéo, serpents rappelant le paradis terrestre avant le péché originel. Tout se mêle ; des sons, des images, de la lumière. L’ensemble réveille notre désir d’évasion mais demeure insaisissable. Julie Tocqueville construit un simulacre d’utopie, revisité à l’heure de la reproductibilité technique. Elle ne tente pas de camoufler le subterfuge. Elle ne cherche pas à nous bercer d’illusions. Le monde merveilleux de Julie Tocqueville n’existe pas, et elle nous le fait savoir.»

Marie-Andrée Malleville
Photo : Thomas Cartron